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Le Livre, un objet singulier pluriel

Le livre à une grande part dans ma pratique artistique du fait qu’à la base je suis autodidacte et mes premières connaissances sont issu de mes lectures. Pour la photographie, mon premier apprentissage s’est fait avec le tirage photo noir et blanc pour lequel j’ai été initié par des pratiquants aguerris. Par la suite, j’ai passé différents diplômes qui contenaient des parties d’optique, de chromie, de prise de vue, d’histoire de l’art et même de certains mécanismes liés aux neurosciences.
J’ai aussi étudier la composition, du plomb à la P.A.O., les papiers, les techniques de reliure.
 Et un jour, écrit et composé des livres.

Le choix de portraitiser un livre est donc loin d’être anodin.
Ce travail sur le livre est aussi un clin d’œil à Jean Giono, le créateur, s’inspirant de ses promenades et de ses rencontres pour donner naissance à des lieux et des personnages qui n’existent que dans son œuvre. Et c’est une des caractéristiques de mes créations. Des prises de vue photographique du réel assemblées pour créer la vision des émotions que m’inspire le quotidien.
Le livre qui est mis en scène comme un personnage est un missel trouvé dans son emballage au fond d’une malle de famille. Cet ouvrage est une sorte de calendrier perpétuel de l’année liturgique. On peut changer de prêtre, de paroisse, et conserver le même livre de messe C’est pour cela que je l’ai choisi. Il est conçu pour suivre son propriétaire ou passer de mains en mains et accepter toutes les émotions qui lui sont transmises.
C’est l’exemple parfait du livre qui est aussi un objet, un univers, un rêve, un coffret gardien d'un trésor de mots, un partenaire d'aventure, un amant, un frère, un rappelant qui nous séduit, nous enveloppe et nous reste fidèle pour l'éternité.
Le livre c’est aussi, d’abord, des feuilles blanches qui tournent dans le vent attendant le premier mot. Quand elles sont couvertes de phrases elles tentent leur chance à la roulette de l'édition. Et peut-être, si tout se passe bien, un jour, l'artisan relieur les couvrira de cuir et d'or.
Ainsi, j’aurais pu décliner le livre en portrait studio, façon Harcourt, mais je suis pictorialiste et je crée des mises en scène basées sur les émotions qui habitent nos mémoires.  Chaque information perçue par nos sens est une requête qui est traitée, filtrée et épurée pour aboutir à notre inconscient. Et dans les résultats, il y aura obligatoirement du vécu, de l’entendu, du senti, du tactile, du vu, du lut, un florilège d’émotions que j’extrait et traduis en images. J’y suis aidé par quelques particularités.  Je suis synesthésique, hyperacousique et emphatique.

Je vous convie donc à des promenades oniriques au milieu de ce que l’on pourrait nommer nos mémoires littéraires.

 

Liber primus, le premier livre, le graal ! Le trésor d’une collection, le clou d’une bibliothèque, il n’a pas de prix. Il vient de la source. On le prend avec délicatesse, on le caresse, on lui chuchote des mots doux et souvent aussi on vénère son auteur. Il occupe notre esprit quand un lieu nous submerge d’émotions.

La maison. Le missel et l’église. Ce pourrait être une Bible, la mère des livres imprimés. Mais soyons honnête, aujourd’hui ces livres sont plus convoités par des collectionneurs d’ouvrages d’art que par des fidèles. Les paraboles deviennent des nouvelles, les prières, des poèmes.  Ils sont devenus des exemples de styles littéraires, des recueils de méditations quotidiennes.

 

L’eau de la Durance. Une grande inspiratrice de la Provence. Elle nous renvoi à Giono, à Pagnol, à Frédéric Mistral et aux Félibres. Combien de récits sont nés des reflets sur l’eau, de la musique des clapotis qui se mêlent aux histoires du vent. Peut-on marcher au bord de l’eau sans évoquer un livre ou un auteur d’aventures, de romance, de fiction ou d’inspiration ?

 

 

 

Rivières, lacs, fleuves, renvoient aussi aux symboliques de la gestation, du baptème, au rèverie de l’enfance et aux méandres de l’adolescence. Aux bords de Seine des aventures d’Arsène Lupin,  à la Dame du Lac et à Lancelot, en passant par le Golden Gate Bridge qui enjambe les rivière Sacramento et San Joaquin. . De la sérénité à l’aventure, bien des références se bousculent.

 

 

 

Entre le manuscrit et le lecteur, il y a aujourd’hui l’éditeur et l’imprimeur. Mais dans les temps anciens, la reproduction des textes était confiée aux moines copistes. Et voici ici une évocation des livres et des pupitres qui se logeaient dans les monastères où se sont développées, calligraphies et enluminures.

 

 

Un lac, une tour, un parapluie, quelques filets de brumes, un ciel en demi-teinte….
Une ambiance romanesque. Jules Vernes, Conan Doyle, Edgar Allan Poe et d’autres y ont associés
et nombre d’histoires dans lesquelles se mêle la science-fiction.

   

Un campanile qui chante aux quatre vents, une Victoire d’Antoine Sartorio, « le sculpteur des corps et des âmes », des lanternes chinoises, un coquelicot, de l’éclairage…. Un inventaire à la Prévert sortant d’un livre ouvert, pour vous accompagner vers quels souvenirs littéraires ? 

 

 

Dans la lumière du Levant tout simplement. Vers où se dirigent les pensées ?
 Quelques notes pour garder la mémoire d’un rêve, des pensées vagabondes qui nous rappellent un récit que l’on souhaite relire, la recherche de la phrase qui va guider notre journée !

 

 

 

Autrice, bibliothécaire, documentaliste, archiviste, chercheuse, collectionneuse, lectrice, plusieurs déclinaisons envahissent la pensée à la vue de cette silhouette entourée de livres… Dans toutes ces définitions, la passion est présente. Pour l’écriture, pour le mentor, les mots, les histoires, les livres, ceux qui les font…


 

Le ciel en perspective s’écoule comme une rivière, les rues rangent les maisons comme les étagères les livres. La ville est une bibliothèque de souvenirs.  Mais, derrière les murs, que pourrait-on trouver ? Des plumes qui courent sur le papier, des pages qui se tournent, des lectures silencieuses et d’autres qui s’expriment et miment des images au travers des mots.

 

Pour celui qui a l’imagination féconde, le soleil rebondit sur les pierres de la ville pour aller briller sur les iscles, et le chant de la rivière vient se perdre entre les façades du centre ancien.
Seul valent les règles du créateur dans les mondes des souvenirs. Jules Verne était un maître en la matière.

 

Lumière venue des collines, monument à la victoire de 1918. Victoire, qui a laissée nombre souvenirs noirs et rouges sang dans les mémoires de jeunes hommes envoyés au front par troupeaux. Giono fut de ceux-là. Certain encore aujourd’hui lui reprochent des choses, mais aucun de ces juges de papier n’a traversé comme lui l’enfer des tranchées... Et à y bien regarder, de toutes les époques, la lumière des collines est aussi celle de la Résistance et de la résilience qui a donné naissance à des livres exutoires


 

Vibrations de Florence, de Glasgow, baignées par un soleil méditerranéen... Mélange de Toscane et d’Ecosse, l’architecture, l’art, l’industrie peuvent être les liens d’une multitude d’aventures et de mystères. Deux villes où on retrouvera la plume de Conan Doyle et ce cher Sherlock Holmes.

 

 

 

Des Lavandes à Venise, Giono avait fait le voyage. De la route des lavandes à la route de la soie, de Marco Polo à Marcel Pagnol. D’un côté les feux de Murano transforment le sable en verre, de l’autre, ceux des alambics changent les fleurs en essence. Les deux ont inspiré nombre d’auteurs, pour des romances ou des romans policiers.

 

La nuit. On l’aime ou on la craint. Chaque nuit est différente. Elle peut être symbole de romantisme, de réflexion, d’aventure, de peuples de loup garou et de vampires ou d’étoiles filantes. On la contemple seule, en groupe, en couple. Certains auteurs ne peuvent pas faire une histoire sans au moins une nuit. Pour d’autres, la nuit n’est que le moment du coucher, rien ne se déroule jamais sous les étoiles….

 

Ambiance méditerranéenne. Littoral ou île ? Europe, Afrique, Moyen Orient, autant de culture qui ont leurs différences et leur diversité. Berceau de la philosophie et de nombre livre d’espionnage ou de romance. 

 

Ambiance : en tendant l’oreille, il y a comme une musique. Est-ce une plume qui court sur le papier ou une machine à écrire qui transfère l’encre du ruban au papier ? Cette brume à l’horizon est-elle due à l’heure crépusculaire ou au Stromboli qui gronde au Large ? Ambiance propice à ‘imaginaire…

 

 

Le moulin, cher au cœur d’Alphonse Daudet, mais aussi de Miguel de Cervantes et de son Don Quichotte. L’auteur moud les grains de son imaginaire pour en faire des livres comme le meunier ceux des céréales pour faire de la farine. Tous les deux sont des maîtres de la source qui irrigue leur filière pour finir entre les mains de tout un chacun.

 

Alors, plutôt aventure, espionnage, romance, science-fiction ? Le ciel est Polynésie, la cabine londonienne, la combattante, universelle. La voiture dans le ciel ne vole pas, elle roule sur un autre plan. Le pont est nantais, l’ombre réside sur une île, et les baskets sont les miennes et laissent supposer que l’auteur soit présent dans son roman comme narrateur, voire personnage à part entière.

 

A qui pensez-vous ? Pour moi, ce sont Jules-Verne, Vincenot, Pagnol, Giono, Frégni et bien d’autres qui font des romans parfumés et bruyants de cette sonorité provençale et de cet art de vivre au soleil et sous la pluie. 

 

 

En ce temps-là, il y avait cours le samedi matin. Alors invariablement, en sortant du collège et après, du lycée, j’allais sur le marché où se trouvait le bouquiniste pour lui prendre 5 à 10 francs de lecture, en bandes dessinées et en romans. Des histoires qui se développaient sur plusieurs numéros ou en plusieurs tomes, une vraie chasse au trésor hebdomadaire

 

 

En plus, j’arrondissais l’argent de poche parental en aidant aux livraisons du commerce familiale, et en partageant les pourboires. En prime, je profitais des histoires que les clients ne manquaient pas de raconter, généralement des anecdotes de voyages, de vacances, etc. Livreur, c’était aussi être à l’écoute.  J’avais donc des sources intarissables pour nourrir mon imagination déjà fertile.

 

 

 

C’est ainsi que j’aime multiplier les références pour augmenter cette impression de découverte et de connu… Comme le font certains auteurs dont il suffit de lire quelques lignes pour s’identifier pleinement à un des personnages.

 

Londres et la côte d’Azur… La Promenade des Anglais. Eux qui ont développé la Côte d’Azur pour leurs bains de mer, leurs séjours estivaux. Ainsi elle devint un territoire d’auteurs de toutes nationalités et de tous styles. Aventure, romance, cambriolages, espionnage et la liste pourrait être longue.

 

 

La défense en ronde autour d’un champ de lavande, que de perspectives possibles entre une romance à distance, un amour de vacances, une aventure, un trésor oublié. Et le morceau de clavier, il nous parle de musique, d’artisanat, de création, de composition, d’interprétation… Autant d’angles différents pour orienter une belle histoire.

 

 

La lumière de l’automne, période propice aux romances de fin de vendanges, de cueillettes dans les bois, et de vergers laissant courir les parfums de pommes, vertes, jaunes, rouges, dorées, polychromes, mêmes. Vers qui cela vous conduit-il ? Giono, Pagnol, Frégni, Jules-Verne, Dumas Ségur, Sand, London et son appel de la forêt ?